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Le député français N. Dupont-Aignan explique pourquoi des pays comme le Sénégal ne pourront pas se développer

Lors d’un débat à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale dédié aux relations entre la France et l’Afrique, le député français Nicolas Dupont-Aignan a abordé des questions cruciales concernant la monnaie africaine et son impact sur l’indépendance des pays utilisant le franc CFA. Dans son discours, il a souligné deux points majeurs : la dépendance monétaire de l’Afrique à la France et l’impact économique de cette situation.

Dupont-Aignan a critiqué la situation actuelle de la monnaie africaine, en particulier le franc CFA, utilisé par plusieurs pays africains. Il a évoqué les problèmes liés à la souveraineté monétaire : “On a perdu l’habitude dans notre pays (France) de se rappeler qu’il n’y a pas de souveraineté nationale sans souveraineté monétaire. Depuis tant d’années, nous sommes victimes industriellement, économiquement et politiquement de cette dépendance à l’euro. Ainsi, nous avons perdu l’habitude de la souveraineté. Cependant, je comprends totalement la volonté des peuples africains de retrouver leur liberté monétaire, car celle-ci est indissociable de la construction de leur avenir.”

Le député a également mis en lumière les conséquences de cette dépendance sur les relations entre la France et l’Afrique : “Il serait donc un contresens total que la France s’arc-boute sur cette zone du Franc CFA. D’ailleurs, elle a perdu une partie de son pouvoir et en devient le bouc émissaire, ce qui nous conduit à nous fâcher avec toute l’Afrique. Il faut donc regarder les choses en face, que cela nous plaise ou non, que nous soyons d’accord ou pas, c’est perçu comme le maintien d’un lien ancien. Il faut avoir le courage de le remettre en cause de manière intelligente, et la France doit être en première ligne pour le faire, car sinon, ce sont les Chinois, les Russes ou les Américains qui s’en chargeront. Arrêtons donc de mettre de la passion là-dedans.”

Le deuxième point abordé par Dupont-Aignan portait sur les implications économiques de cette dépendance pour des pays comme le Sénégal, qui importent la majorité de leurs biens de consommation. Il a souligné l’impact de l’arrimage de leur monnaie à l’euro, empêchant toute dévaluation nécessaire pour s’adapter aux conditions du marché : “Le deuxième point est économique. Il faudrait peut-être comprendre qu’un jour ces pays d’Afrique ont besoin de retrouver une production agricole et industrielle. Prenons l’exemple du Sénégal : ce pays importe tout, et avec une monnaie trop chère arrimée à l’euro, il ne peut pas se développer. Il est quand même incroyable de voir que tous les pays ont utilisé la dévaluation pour se développer et qu’on le nie à ces pays. Je crois vraiment que la question n’est pas le taux de change fixe, mais le niveau du taux de change. On peut avoir un taux de change fixe tout en le faisant évoluer. Regardez la stratégie adoptée par Singapour et les pays d’Asie, les États-Unis et tous les autres pays du monde. Pourquoi l’Afrique n’aurait-elle pas le droit de gérer son taux de change ? Il est absolument indispensable de changer de système et de le faire le plus vite possible, car la dégradation de la position de la France en Afrique est catastrophique. Si nous continuons ainsi, nous aurons un sérieux problème.”

Enfin, Dupont-Aignan a exprimé des doutes concernant la nouvelle monnaie en gestation, l’Eco, qui devrait être partagée par les pays de la CEDEAO. Il a critiqué cette initiative tout en soulignant la nécessité pour certains pays africains, tels que le Sénégal et la Côte d’Ivoire, de retrouver une véritable souveraineté monétaire : “La question est très simple : la difficulté vient du fait que certaines élites africaines profitent énormément de ce système, et qu’il faut absolument trouver une solution pour le changer. La difficulté réside dans le retour à des monnaies nationales dans les pays qui le peuvent, comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Cependant, la difficulté est immense pour les pays qui n’ont pas d’institutions solides. Je ne crois pas du tout à l’ECO, et vous avez raison de le dire. C’est par une vraie formation à la gestion d’une monnaie nationale que nous pourrons y arriver, je pense.”

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