Fitch Ratings a abaissé, le 8 décembre 2025, l’évaluation de l’environnement opérationnel du secteur bancaire sénégalais, passant de « b-/Stable » à « ccc+/Stable ». Cette révision reflète les inquiétudes de l’agence face à l’exposition très élevée des banques domestiques à la dette souveraine, un facteur aggravant dans un contexte de fortes tensions budgétaires et de liquidité persistantes au sein de l’UEMOA.
L’évaluation d’un secteur bancaire analyse la capacité collective des établissements à faire face aux chocs externes et internes. Fitch note que la dépendance accrue des banques aux titres publics, qui constituent une part importante de leurs portefeuilles, réduit leur capacité à absorber des pertes sans solidarité institutionnelle.
Cette exposition s’inscrit dans une région où les obligations souveraines représentent parfois plus de 30 % des actifs des banques, et où la liquidité reste contrainte par une rareté des financements interbancaires à long terme.
La décision confirme également des vulnérabilités déjà identifiées dans les notations individuelles de certains établissements. Plusieurs banques sénégalaises ont vu leur Viability Rating tomber à « ccc », un niveau qui signale des faiblesses prononcées dans la solidité financière, la qualité des actifs et l’adéquation des fonds propres. Ces éléments combinés renforcent la dépendance des banques à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest pour le refinancement et les opérations de soutien à la liquidité.
Fitch avertit que, sans ajustements significatifs, le statu quo pourrait alimenter un cercle vicieux. Une contraction du crédit aux entreprises et aux ménages est probable si les banques cherchent à réduire leur exposition souveraine sans diversification suffisante des sources de revenus. Une telle contraction se répercuterait sur l’économie réelle, surtout dans un pays où le crédit bancaire reste un moteur essentiel de l’investissement privé.
La confiance des déposants et des investisseurs pourrait également s’éroder, augmentant les risques de contagion dans un système où les établissements sont étroitement interconnectés.
Dans ce contexte, l’agence souligne l’importance d’une discipline budgétaire renforcée pour réduire la pression sur les finances publiques, d’une réduction mesurée de l’exposition des banques à la dette souveraine et d’un élargissement des instruments de financement à des ressources plus diversifiées.
Cette révision de l’évaluation traduit un appel à des actions coordonnées entre autorités publiques, banques et régulateurs pour restaurer progressivement les marges de sécurité du secteur bancaire sénégalais et renforcer sa capacité à soutenir l’économie sans dépendre excessivement de l’État ou de la politique monétaire régionale.












