Dans un contexte où la société fait face à des crises profondes qui ont entamé le premier espace de production du citoyen qu’est la famille, il est opportun de poser le débat public pour faire avancer la cause de la famille et de la femme par rapport aux objectifs de développement de notre pays.
Ce magistère du président Bassirou Diomaye Faye doit prendre aussi en compte son engagement sur cette question fondamentale.
L’émergence d’un leadership féminin qui se pose à nous appelle deux questions essentielles :
– Quels moyens mettre en œuvre pour équilibrer la structuration même du champ politique fondée sur un modèle de domination symbolique exercée par les hommes afin d’atteindre une optimisation de la présence des femmes dans les hautes sphères politiques ?
– Quelles réflexions et quelles actions faudrait-il mener pour consolider les acquis engrangés par la lutte des femmes, en vue de faire émerger en masse un leadership ou un commandement politique féminin capable d’exercer une influence sur le rôle et le statut des femmes sénégalaises dans la sphère politique?
En Afrique, les femmes ont encore de nombreux défis à relever, d’ordre stratégique : l’absence d’un mouvement social fort, l’isolement, la faible capacité prospective et le manque d’anticipation. La construction d’un mouvement fort passe par deux types d’alliance. D’abord, entre les femmes politiques et les organisations à caractère économique, car les premières n’ont pas les moyens matériels de leur ambition, et les secondes n’ont pas la conscience politique. Ensuite, entre les femmes politiques et les organisations de la société civile, car lorsque les premières sont combattues dans l’espace politique et que la pression devient trop forte, elles ont besoin d’un espace de repli. Il y a des moments où, pour s’imposer dans leurs partis, les femmes ont besoin d’être soutenues par d’autres forces organisées.
Sortir les organisations de femmes de la ghettoïsation…
L’approche fragmentée et cloisonnée de la question de la femme a mis en évidence son inefficacité. Pour sortir de la ghettoïsation, les organisations de femmes doivent inscrire leurs luttes dans des enjeux qui préoccupent la société dans sa globalité, car la question des femmes ne peut être traitée indépendamment des autres défis. Les femmes doivent aussi rester vigilantes car, malgré les acquis, elles ne sont pas à l’abri de reculs. Elles doivent affronter à la fois des hommes hostiles à la parité, mais aussi des religieux hostiles à l’égalité entre hommes et femmes. Avec la montée de l’intégrisme religieux, tend à se développer une parole publique préconisant l’enfermement des femmes dans l’espace privé.
Cela exige davantage de vigilance, mais surtout une capacité d’anticipation pour nouer des alliances stratégiques avec des acteurs clés, tels que les organisations des droits de l’homme et les familles religieuses traditionnelles. Les droits des femmes sont des droits humains, et ces organisations constituent une force dans la société, détenant un réel pouvoir de pression sur le pouvoir politique. Il devient donc urgent d’utiliser les plages de convergence existantes pour bâtir une alliance durable. Quant à l’islam confrérique, il est le meilleur allié des femmes, dans un pays où les foyers religieux traditionnels prônent un islam ouvert, un islam de paix et de tolérance.
Maintenir le cap de l’engagement
Des évolutions encourageantes et perceptibles interviennent depuis peu dans le paysage politique sénégalais, quant à une plus grande implication de la femme dans la vie politique nationale. Mais il serait souhaitable que cette dynamique s’inscrive dans la permanence et la durée et ne se limite pas au seul contexte électoral. Le défi est immense et requiert par conséquent une synergie d’actions des Pouvoirs Publics, de la société civile, des bailleurs de fonds et des femmes elles-mêmes.
Il est également nécessaire de déterminer l’influence de l’égalité politique sur les progrès de l’égalité sociale. Et il ne suffit pas que des femmes s’engagent en politique pour que la condition de toutes les femmes s’en trouve révolutionnée. Encore faut-il que ces femmes politiques soient féministes, l’assument et le revendiquent. Il est donc indispensable de tirer des leçons d’un passé marqué par des ruptures. Le lien a manqué entre les femmes qui ont mené des luttes pour l’indépendance et la génération de celles engagées dans les partis de gauche, apparues après 1968 (Dia, 1995). De même, aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de relève aux femmes qui ont mené le combat pour la parité. À chaque rupture historique, il a fallu un certain temps, car il a manqué une pensée politique liée à la lutte des femmes (Sarr, 2010).
Repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité
On peut s’offusquer également du fait qu’à part les féministes convaincues, les femmes se mettent rarement en ordre de bataille pour l’affirmation de leurs droits.
On comprend dès lors le désemparement des activistes et autres influenceurs face au déni organisé et à l’apathie des femmes car il est quasi vain de se battre pour qui n’a pas conscience de son combat existentiel.
Dans la pratique politique féministe, il paraît nécessaire de repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité afin de formuler une politique de représentation qui puisse faire revivre le féminisme sur d’autres bases.
Par ailleurs, peut-être est-il temps de concevoir une critique radicale qui cherche à libérer la théorie féministe de la nécessité d’avoir à construire une base unique ou permanente, une base vouée à être sans cesse contestée à partir des positions identitaires ou anti-identitaires qui en sont inévitablement exclues.
Les pratiques d’exclusion qui fondent la théorie féministe dans une notion des « femmes » en tant que sujet ne sabotent-elles pas paradoxalement les ambitions féministes d’en élargir « la représentation ».
Il convient également de formater les esprits des plus jeunes à la masculinité positive en mettant en place d’avantage de campagnes de sensibilisation et de prévention, en développant notamment dès l’école, des classes, qui éduquent les enfants au respect de l’autre et à la sexualité, s’il on veut pouvoir espérer réduire l’exclusion et les violences faites aux femmes.
C’est le combat à mener. Convertir le patriarcat et nos gouvernants aux valeurs humanistes du féminisme ou à la masculinité positive et le tour est joué.
Voilà le processus
Par khady GADIAGA