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DECONSTRUIRE LES RECITS POUR MIEUX COMPRENDRE

Dans le cadre du projet Opportunities, la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en partenariat avec le théâtre Royal Flamand Kvs, a présenté, ce vendredi, la pièce théâtrale intitulée «Hannibal», une pièce qui aborde la thématique de l’émigration clandestine. Ce projet, qui rassemble des chercheurs, des Ong et des professionnels du théâtre, vise à offrir une perspective géographique et transculturelle large sur la «migration, l’émigration et l’immigration», mais aussi un «aperçu» des différentes politiques migratoires en termes de pays d’origine, de pays d’arrivée et de principales destinations de la migration.

La Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en partenariat avec le théâtre Royal Flamand Kvs, a présenté, ce vendredi à Sorano, la pièce théâtrale intitulée «Hannibal», qui présente la migration comme un phénomène de tous les siècles et qui montre en même temps qu’il faut voir les deux côtés de l’histoire. «De toutes les conversations que nous avons eues, nous revenons toujours à la même histoire : l’Afrique et l’Europe doivent créer un récit commun autour de la migration sur un pied d’égalité.» Telle est la conviction des membres du projet Opportunities, un consortium international dédié aux questions migratoires.

DECONSTRUIRE LES RECITS POUR MIEUX COMPRENDRE

En conférence de presse mercredi dernier, Aly Tandian, directeur du Laboratoire d’études et de recherches sur le genre, l’environnement, la religion et les migrations (Germ) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, et Cie ont soutenu que la question des migrations est l’un des grands enjeux du 21e siècle. Mais malgré cela, sa légitimité est «fragile», voire «contestée», alors que les migrations internationales ont été considérées, dans le rapport du Programme mondial des Nations unies pour le développement, comme un facteur «essentiel du développement humain». Et disent-ils, «les opinions publiques et les gouvernements peinent souvent à accepter certaines réalités telles que l’objectif du vivre-ensemble dans un monde cosmopolite, la nécessité de revisiter la citoyenneté ou encore l’influence des Etats de départ dans la gestion des migrations». Face à cette situation, ajoutent-ils, « les politiques migratoires sont souvent en décalage par rapport à la réalité des flux».

D’après eux, les nouveaux enjeux tels que le changement climatique, l’urbanisation galopante de la planète autour de mégapoles, la part des moyens d’information ne cessent de tracer les grandes tendances des migrations futures. «Un bras de fer est souvent engagé entre les pays de départ et les pays d’installation, peu désireux de sacrifier une part de leur souveraineté dans ce domaine emblématique du contrôle des frontières, au prix de milliers de morts et de violations quotidiennes des droits de l’Homme. C’est autour de ces paradoxes que se déclinent les migrations, dans leur diversité et leur complexité. Et le Sénégal n’échappe pas à ces paradoxes, car il est confronté à de nombreux défis liés aux migrations. Un défi se pose chaque jour sur les côtes sénégalaises : les jeunes partent et beaucoup périssent.» Et à en croire Oumar Sall, auteur et critique, il y a l’impression que tout ce qui a été fait jusqu’ici ne sert à rien. «Le mal est profond. On a l’impression que rien ne bouge. Il n’y a pas encore deux ou trois mois, si on fait le cumul des nombres de jeunes qui ont péri en mer, c’est énorme», déplore-t-il. De son côté, le directeur du Théâtre national Daniel Sorano estime qu’il est important de s’arrêter un moment pour évaluer tous les projets et initiatives qui ont été lancés sur la question de la migration. «Le phénomène de l’émigration clandestine persiste», a dit Ousmane Barro Dione, tout en soulignant qu’à travers cette pièce de théâtre Hannibal, le maximum de Sénégalais seront «sensibilisés». De son avis, le meilleur facteur pour sensibiliser les populations, du point de vue culturel, «ne peut que passer par le théâtre».

«La migration, c’est un problème d’humanisme»

Une idée que partage Aly Tandian, directeur du Germ de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. A l’en croire, ce projet Opportunities, comme son nom l’indique, est une opportunité pour le Sénégal de lutter contre l’émigration clandestine. «C’est une chance pour le Sénégal d’accueillir le groupe Kvs. Ce projet nous aide à déconstruire, à avoir une idée de la migration. Il donne aussi l’opportunité d’avoir un enrichissement mutuel, un dialogue commun, une compréhension et une conversation égales», explique-t-il, tout en soulignant que la migration, ce ne sont pas seulement des questions de transfert d’argent. «La migration, ce sont des questions de souffrance, des espaces qui sont traversés, un capital immatériel qui est obtenu, c’est également l’absence ou la présence d’une politique migratoire», analyse-t-il. Chercheur à l’université Gaston Berger de SaintLouis, il rappelle que depuis plusieurs années, l’Etat du Sénégal s’est mobilisé, mais «malheureusement la réponse n’est pas encore trouvée». Abondant dans le même sens, le Directeur artistique de Kvs Bruxelles, Michael De Cock, dira également que la migration, c’est un problème d’humanisme et d’égalité, de dialogue entre humains. «Ce n’est pas un problème sénégalais ni africain, c’est un problème mondial. Donc, ça dépasse largement l’anecdotique», a-t-il indiqué.

Pour rappel, le projet Opportunities rassemble 8 partenaires européens d’Autriche, de Belgique, de France, d’Allemagne, d’Italie, des PaysBas, du Portugal et de Roumanie, ainsi que 3 partenaires africains du Ghana, du Sénégal et de la Mauritanie. Et selon une note remise à la presse, grâce à la collaboration transnationale entre partenaires européens et africains, le projet offre non seulement une perspective géographique et transculturelle large sur la migration, l’émigration et l’immigration, mais il donne également un aperçu des différentes politiques migratoires en termes de pays d’origine (Ghana, Sénégal), de pays de transit (Italie, Mauritanie, Roumanie), de pays d’arrivée (France, Portugal) et de principales destinations de la migration (Belgique, Allemagne, Autriche). L’objectif principal de cette collaboration interdisciplinaire, selon eux, est d’initier des changements d’attitude et de perspective sur les discours dominants sur la migration dans la sphère publique européenne

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