En réaction à la déclaration de Madiambal Diagne déplorant la fermeture des bases militaires françaises au Sénégal, Seydina Oumar Touré, Directeur de l’Agence Sénégalaise de la Proximité (ASP), dénonce une posture qu’il juge mal informée et empreinte de nostalgie post-coloniale.
Pour l’ancien officier de police, la souveraineté stratégique ne se marchande pas, et la fermeture de ces bases représente bien plus qu’un geste symbolique : elle marque une reconquête pleine et entière de l’indépendance militaire du Sénégal. La présence de forces étrangères, même alliées, implique selon lui des limitations structurelles : restrictions d’accès à certaines zones, interférences potentielles, ou encore captation de renseignements sensibles.
Touré souligne que même en apparence coopérative, la présence française freine la montée en puissance autonome des forces armées sénégalaises, longtemps dépendantes de l’expertise de l’ancienne puissance coloniale.
Une rupture assumée et porteuse
Prenant l’exemple du retrait de la France de l’OTAN sous De Gaulle en 1966, il s’interroge : « Pourquoi la France aura-t-elle le droit à sa souveraineté, et pas nous ? »
Quant à l’argument économique brandi par Madiambal Diagne, notamment sur les emplois perdus, Touré y voit une vision réductrice et court-termiste. Il affirme au contraire que le développement de capacités militaires nationales (cybersécurité, logistique, etc.) créera à terme des milliers d’emplois qualifiés et durables, tout en libérant des infrastructures stratégiques au profit de l’État sénégalais.
Une coopération repensée, pas rompue
Touré réfute aussi l’idée d’une rupture des liens avec la France. Selon lui, les relations bilatérales se réorientent vers une coopération mature, fondée sur le respect mutuel, dans des cadres multilatéraux comme l’ONU ou la Francophonie. La critique de Diagne relèverait ainsi d’une méconnaissance des dynamiques géopolitiques contemporaines.
Une étape historique vers l’autonomie
Pour Seydina Oumar Touré, le départ des troupes françaises n’est pas une perte, mais un jalon historique sur la voie de la maturité stratégique du Sénégal. Il invite à ne pas réduire cette décision à des considérations matérielles, mais à la lire comme une affirmation de la souveraineté populaire et nationale.