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Audiovisuel – Expansion en Afrique : Canal+ entre dans le capital de Marodi

Canal+ est entré dans le capital de Marodi, la maison de production à laquelle nous devons certaines des plus belles séries sénégalaises. Une donne qui apporte un souffle nouveau à l’industrie audiovisuelle sénégalaise qui s’est bâti une belle réputation autour de ses séries. Mais le Groupe Canal+ reste sur sa lancée, conquérir encore plus de place sur le continent africain.

Les directeurs de Canal+ et Marodi Tv, Fabrice Faux et Serigne Massamba Ndour, ont conclu un partenariat qui entérine l’entrée dans le capital de la boîte de production sénégalaise du groupe français. Par un communiqué de presse conjoint, les deux entités ont partagé l’information. Selon le document, par cette prise de participation, Canal «réitère ainsi son engagement à soutenir les talents locaux et la production audiovisuelle sur le continent en s’associant à un nouvel acteur-clé du continent». Mais le groupe français renforce également sa présence en Afrique et «souligne son engagement en faveur de l’économie créative africaine». Ce changement dans l’actionnariat ne concerne toutefois pas la direction de Marodi qui reste entre les mains de son actuel directeur. «Marodi Tv continuera à être dirigée par son fondateur et actionnaire majoritaire, l’entrepreneur sénégalais Serigne Massamba Ndour. Il s’appuiera sur la force de frappe de Canal+ pour développer la qualité et la profondeur de son catalogue -y compris dans d’autres langues- et élargir sa distribution sur tout le continent, et au-delà, via les synergies avec Canal+», souligne le communiqué.
Entre les deux structures, une première entente avait déjà été signée il y a déjà 5 ans, permettant à Marodi Tv de diffuser son catalogue dans le line-up des chaînes du Groupe Canal+, mais aussi de produire des séries exclusives avec une première diffusion sur la chaîne Sunu Yeuf en langue wolof, suivie d’une fenêtre en langue française sur la chaîne panafricaine A+. «Les deux sociétés ont coproduit ensemble un catalogue de séries à succès telles qu’Emprise ou Dé­chéances», note le communiqué à ce propos. «Cette stratégie permet à Canal+ de proposer à ses abonnés le meilleur de la création africaine issue de toutes les cultures, et en particulier des séries, un genre particulièrement plébiscité par ses audiences», «Je suis très heureux d’être allé au bout de ce processus avec Canal +, partenaire stratégique avec qui nous collaborons déjà depuis cinq ans. Cette alliance va nous permettre de renforcer nos capacités de production et de diffusion, et d’exporter notre modèle à travers tout le continent», se réjouit M. Ndour dans le même document.

Une stratégie conquérante de Canal en Afrique
En intégrant l’actionnariat de Marodi, la filiale audiovisuelle de Bolloré renforce surtout sa présence sur le continent. Confronté ces dernières années à la forte croissance des plateformes américaines, Netflix, Amazone Prime et autres, Canal, également bousculé en France, retrouve la croissance sur le sol africain. Selon Vivendi, la maison mère de Canal +, en 2022, la chaîne avait pu convaincre 750 000 abonnés à rejoindre son bouquet payant, portant le nombre total d’abonnés sur le continent à plus de 8 millions aujourd’hui. La stratégie de Canal sur le continent dessine déjà une cartographie très large. Après la mise en place de la chaîne Sunu Yeuf au Sénégal, exclusivement destinée à la diffusion de séries africaines, Canal+ a poursuivi sa stratégie d’expansion sur le continent en étant actionnaire majoritaire des sociétés de production Rok Studios au Nigeria, Plan A en Côte d’Ivoire et Zacu Entertainment au Rwanda. Marodi est le tout dernier maillon de cette chaîne qui s’étend à l’ouverture de salles de cinéma dans de nombreux pays dont le Sénégal et le Burkina Faso. Et avec son catalogue de plus de 600 heures de contenus, et une communauté d’abonnés de 6 millions sur YouTube, Marodi avait tout pour séduire l’ogre français.

Il faut souligner que ce partenariat permet à Canal+ de s’assurer un droit de regard sur les futures productions et les ressources qu’elles génèrent. Le modèle d’industrie audiovisuelle, qui s’est développé ces dernières années au Sénégal autour des séries, génère, en effet, une économie certaine. L’intérêt que suscitent ces productions, au-delà même des frontières sénégalaises, est un atout, et Canal+ entend bien prendre sa part du gâteau face à des télévisions sénégalaises très frileuses et pour qui le préachat et la coproduction ne sont pas encore inscrits dans les pratiques. Ces dernières années, Canal a produit un nombre important de séries originales, certaines au Sénégal, notamment Terangaa ou Manjak. Au total, si Canal est gagnant dans cette opération, Marodi également pourrait l’être. La maison de production, qui nous a habitués à des litiges incessants avec ses comédiens et techniciens, devraient prendre le chemin d’une plus grande professionnalisation. Au grand bénéficie du public africain, toujours friand de productions africaines.

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