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ET Si AMADOU BA ETAIT MAL PARTI ?

Il faut oser affirmer dès le départ que la tendance qui se dessine dans le pays est largement pour le changement. Le camp du pouvoir a certes retrouvé son unité autour de Amadou Ba mais la situation actuelle du pays est loin d’être en sa faveur

Cette élection présidentielle du 24 mars 2024 intervient dans un contexte politique où le pouvoir en place est dans l’impuissance de juguler les effets dévastateurs d’une crise multiforme qui n’a que trop duré. Et malgré les politiques sociales qui ont été initiées par le Gouvernement en place la tendance à la paupérisation persiste dans le pays. Pour plusieurs Sénégalais ce que le Président Macky Sall n’a pas réussi en douze ans, Amadou Ba ne le fera pas en un temps record.

Beaucoup d’objectifs du Plan Sénégal Emergent (PSE) n’ont pas été atteints et la transformation structurelle de l’économie tarde à se réaliser. Le rythme des importations continue de grimper et la production locale est toujours à l’état embryonnaire. Pour la politique de loyer si elle existe vraiment dans ce pays, elle semble être le plus échec du régime en place. Cette situation politico-économique est loin d’être favorable pour le candidat Amadou Ba.

Sans compter avec la politique de l’Etat qui réserve les contrats juteux et des titres de commerce préférentiels aux multinationales au détriment du monde des affaires sénégalais. Le privé national qui crée des emplois, des richesses et participe dans le produit intérieur brut (PIB) du pays se voit ainsi fragilisé à cause d’un manque de soutien de l’Etat et de l’octroi des gros marchés aux entreprises étrangères qui cherchent à perpétuer le florissement de leurs intérêts en terre sénégalaise.
Ces compagnies étrangères qui ont le soutien de leurs pays ne veulent surtout pas entendre parler de nouveaux rapports de partenariat, de préférence nationale, d’industrialisation et de transformation des ressources naturelles et minières du pays. Et dans l’entendement de beaucoup de Sénégalais ce vieux système de gouvernance politique et de négoce international dont Amadou Ba semble aujourd’hui être le porte-étendard a atteint ses limites.

On a vu Amadou Ba signer la charte du privé national à la dernière minute n’empêche les doutes sur sa posture de défenseur du patriotisme économique persistent dans la tête de beaucoup d’hommes d’affaires et de spécialistes du développement.

Il est reproché à Amadou Ba sa grande implication, en tant que ministre de l’économie, dans la mise en oeuvre d’une politique économique qui mettait au devant les intérêts des entreprises étrangères au détriment du privé national et de la préférence nationale.

Amadou Ba est aussi indexé sur sa mauvaise gestion des terres du pays. Mamadou Lamine Diallo qui a beaucoup travaillé sur cette question a frontalement attaqué Amadou Ba sur sa mise en place d’un système mafieux et destructeur qui est sous commande d’une bourgeoisie foncière qu’il a créée, organisée et mise sur orbite. Et pour lui la boulimie foncière de Amadou Ba est une bombe à fragmentation qui peut mener le pays dans des lendemains incertains. Cette mode de gestion des terres du pays qui a été décriée par la société civile et au sommet de l’Etat peut également faire partie des tâches noires qui risquent de compromettre les chances de Amadou Ba dans cette élection.

En plus Amadou Ba n’arrive pas à tenir un discours, un vrai discours. Disons qu’il n’est pas encore ressenti dans son message un élément déclencheur qui peut sortir le pays de l’immobilisme.

Il est encore à prêter une attention particulière à cette idée assez répandue dans le pays et qui fait l’actualité dans les chaumières et les places publiques, que le départ d’un régime qui a fait douze au pouvoir serait quand même une bonne chose, car à l’état actuel de la démocratie et de la mentalité de nos dirigeants, cela permettrait au moins d’éviter la formation d’une oligarchie à la tête de l’Etat.

Au-delà des questions qui engagent directement Amadou Ba, c’est la situation actuelle du pays qui disqualifie la mouvance présidentielle de continuer à diriger ce pays. On se demande en tout cas par quelle magie le pouvoir en place qui a été vilipendé durant ces trois dernières années réussira la prouesse de rester aux commandes du pays ? L’ouragan de contestation qui a fait désister Macky Sall ne laissera pas indemne Amadou Ba La force qui déplace une montagne n’épargnera pas une termitière !

Babacar Papis Samba

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