Idrissa Seck a été le directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade à la Présidentielle de 1988. Le jeune d’alors avait 28 ans. Il apparaît à l’écran de la télévision nationale et séduit les télespectateurs qui le découvrent pour la première fois. Son assurance et sa pertinence font monter la côte de popularité de son candidat Abdoulaye Wade.
Idrissa Seck a été un acteur de premier plan dans la conception et le déroulement des stratégies politiques qui ont fait le succès du Parti démocratique sénégalais (PDS). D’ailleurs qui est le sénégalais de l’époque qui n’avait pas flashé pour le jeune et brillant homme politique, Idrissa Seck? Abdoulaye Wade croyait tellement à lui qu’il dira devant ses militants: » Voici quelqu’un qui me conduira au Palais ».
Idrissa Seck a le mérite d’avoir accompagné Abdoulaye Wade dans les moments les plus difficiles de sa carrière politique, en lui apportant sa disponibilité, son savoir, son savoir-faire, au moment où beaucoup de Sénégalais hésitaient à le suivre.
Idrissa Seck qui a été l’un des plus grands acteurs du PDS dans la campagne électorale de 1988, sera par la suite nommé ministre du commerce dans le Gouvernement de majorité présidentielle élargie du Président Abdou Diouf entre 1995 et 1998. Sa côte de popularité monte au sein du parti et l’homme politique Abdoulaye Wade qui sait flairer les bons coups fait de lui son numéro deux.
Tout se passe bien entre Idrissa Seck et Abdoulaye Wade jusqu’à la chute du Parti socialiste (PS) et l’accession de son leader à la magistrature suprême. Idrissa Seck qui était resté avec Abdoulaye Wade au moment où plusieurs ténors du Parti avaient quitté la barque sera finalement le grand victime du régime libéral qu’il a aidé à accèder au pouvoir.
Nous sommes en 2004 et Idrissa Seck est débarqué de son poste de Premier ministre. Cela a été un coup dur pour lui, et pour dire vrai cette affaire a beaucoup impacté sur sa morale et sa lucidité politique. Nous n’allons pas jusqu’à dire qu’Idrissa Seck n’a pas de responsabilité dans son évincement de son poste de Premier ministre et des instances du Parti. Mais notre préoccupation à travers cet article se situe ailleurs.
Idrissa Seck, le rhéteur hors pair, le débatteur de talent, le fort en répliques et mythique maire de la Ville de Thies a certes fait des erreurs dans sa carrière politique, mais il lui est reconnu sa compétence, sa rigueur, sa carrure d’homme d’Etat et son patriotisme. Comme il lui est reproché sa boulimie du pouvoir et sa suffisance.
Bref, la déclaration de politique générale d’Idrissa Seck, en tant que Premier ministre du Président Abdoulaye, est encore fraîche dans les mémoires. On avait entendu le Premier ministre Idrissa Seck défendre un programme de développement dont la pertinence a été saluée par le gotha politique sénégalais et tous les observateurs avertis de la scène politique sénégalaise. Idrissa Seck avait ainsi réussi à faire un diagnostic sans complaisance de la situation du pays, et il avait également convaincu à travers la méthologie utilisée et les solutions préconisées.
Idrissa Seck qui parle de plus en plus de stabilité, de concorde nationale, de paix et de sécurité, pense ainsi resouder la fracture sociale qui risque de compromettre l’avenir de ce pays
Il semble choisir une voie alternative qui se place au dessus des clivages politiques et de la division binaire pouvoir et opposition, à travers un dialogue contructif qui n’efface pas les différences, mais privilégie une approche politique qui se veut policée, intelligente et au profit de tous.
Il faut dire que cette façon de faire la politique qu’on peut lire à travers les dernières sorties de Idrissa Seck n’est pas tout à fait inédite, car elle était déjà inscrite dans la ligne politique et programmatique du Parti démocratique sénégalais (PDS), comme elle a été largement théorisée par Abdoulaye Wade, dans son ouvrage majeur « Un Destin pour l’Afrique.
Cette voie du consensus est l’épine dorsale de la philosophie politique du libéralisme de Abdoulaye Wade. Si Idrissa Seck a aujourd’hui envie de souffler sur cette braise endormie, pour rallumer la flamme du consensus politique que le pays a tant besoin, alors pourquoi pas!
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe.
